« Je suis Manager et j’encourage mes collaborateurs. C’est grave, Docteur ? »
Quand le spontané s’efface devant la mécanique du système
Qu’on se le dise, l’encouragement n’est pas à la mode ! Est-ce que vous vous imaginez, dans une réunion stratégique du Comité de Direction, dire : « Ecoutez, Marguerite a fait des efforts considérables. Elle progresse, même si ses résultats ne sont pas encore au rendez-vous … Certes, notre chiffre d’affaires ne décolle pas, il est même en-dessous de nos objectifs, mais Marguerite ne démérite pas ! – Très bien, rétorque le Sales Vice-Président. Que comptes-tu faire ? – Je vais l’encourager ! Tout simplement ». Dans un tel contexte, dans un bon nombre de cas, ce n’est pas à Marguerite à qui on donnera son Solde de Tout Compte en fin de mois
Beaucoup d’entre vous me dirons que, dans beaucoup de sociétés, on traite bien les Hommes et les Femmes, et que, oui, il existe des Managers « humains » qui connaissent, appliquent et abusent des vertus de l’encouragement. Mais beaucoup d’entre vous aussi me dirons que cette petite anecdote est réaliste, voir un brin angélique. Ce qui est sûr, et ce que je constate encore, lors de nombreux échanges avec mes « pairs » RH, c’est que l’encouragement n’est pas une valeur, attitude très en vogue !
J’ai même l’impression que c’est plutôt l’inverse. En cette période de crise globale, il devient compliqué et délicat de garder sa liberté, défendre ses convictions, promouvoir des orientations à contre-courant (surtout de son Boss !) … et le jeu d’équilibriste spécifique au métier du DRH et/ou du Manager est d’autant plus complexe. Le courage managérial devient une denrée rare, et il est souvent plus facile de « lisser » et « se lisser » dans le bon sens du poil …
Et pourtant …
Et pourtant, spontanément, nous sommes tous sensibles à la difficulté d’un de nos collègues, aux efforts réalisés par nos collaborateurs. Spontanément, nous avons en nous ce sens inné de la justice et de l’équité. Nous pourrions spontanément adopter une posture plus souple, plus « humaine », plus reconnaissante du chemin parcouru et de celui qui reste à parcourir …
Au fait, ça veut dire quoi « encourager » ?
Selon le Larousse, encourager, c’est : « Donner du courage à quelqu’un, le réconforter ou l’inciter à persévérer, à faire mieux ; stimuler ».Au passage, je ne suis pas certain que le « courage » se donne … Cela me fait penser à la fameuse formule, désormais devenue célèbre : « Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe ». Donne-moi du Courage ! Tu en as un peu trop et je n’en ai pas assez …
A cette définition, je privilégierais la force de l’image :
Encourager, c’est tendre la main. C’est aussi savoir la lâcher parfois. Encourager, c’est partir de l’Autre et lui insuffler ce « petit quelque chose » qui lui permettra de franchir le pas. Ce pas qu’il n’arrive pas à franchir … Encourager, c’est permettre à l’Autre d’aller puiser en lui la force intérieure qu’il n’arrive pas seul à mobiliser. C’est respecter le Chemin de l’Autre, aussi. Encourager n’est pas challenger, n’est pas évaluer, n’est pas juger. Ce n’est pas non plus jouer au Sauveur. C’est apporter de la chaleur quand il fait un peu froid. C’est apporter de la lumière quand le ciel s’assombrit. C’est favoriser l’émergence de l’ingrédient qui manque à la réalisation de l’objectif que l’Autre s’est fixé (ou qu’on lui a fixé). Cela va bien au-delà de la déclaration d’intention du type « Bon courage ! J’suis avec toi … ». Encourager implique de l’Attention, de la Bienveillance, de la Justesse.
Les 5 Vertus de l’encouragement dans le Management
Vertu # 1 : Améliorer la performance individuelle
Le premier bénéfice de l’encouragement dans l’exercice du management est de constater une amélioration de la performance individuelle. En effet, le manager, en encourageant son collaborateur, agit comme une clé qui va déverrouiller une serrure bloquée, ce qui permettra l’accès à de nouveaux horizons. Cette « main tendue » aura un impact direct et mécanique sur le niveau de performance individuelle. La personne pourra alors rentrer dans un cercle vertueux, osant expérimenter de nouvelles voies, gagnant en confiance en soi et libérant les initiatives.
Vertu # 2 : Renforcer la cohésion d’équipe
La seconde vertu de l’encouragement se situe au niveau du collectif. On peut aisément expérimenter que l’esprit de solidarité induit par l’encouragement va renforcer l’esprit d’équipe : plutôt que « diviser pour mieux régner », le manager renforce le lien collectif en créant un espace de protection et de coopération.
Vertu # 3 : Agir positivement sur la prévention du Stress
Constater une diminution du niveau global de stress est le troisième bénéfice de cette attitude. Le réconfort permet d’agir sur notre « corps émotionnel », et génère un apaisement. En effet, sans être un expert en matière de Stress, j’ai pu constater que ce n’est pas tant les « situations » qui sont stressantes en soi, mais la « pression » ressentie / perçue dans un tel contexte. Là où la tension peut avoir pour conséquence « l’inhibition » et donc l’immobilisme, l’encouragement permettra la (re)mise en mouvement.
Vertu # 4 : Favoriser l’apprentissage individuel et collectif
De meilleurs résultats individuels, un sentiment d’appartenance renforcé avec une équipe soudée, un niveau de stress diminué … sont autant de facteurs favorables au développement de l’intelligence collective. Les facultés d’apprentissage, tant au niveau individuel que collectif, sont boostées : il y a alors l’émergence d’un vrai « terreau » favorable à une organisation / équipe apprenante.
Vertu # 5 : Développer la posture d’exemplarité du Manager
Le manager, en pratiquant l’encouragement, développe enfin une posture d’exemplarité, et ne pourra être qu’inspirant pour le reste de l’équipe. La propension qu’a l’être humain à avoir besoin d’un « référent », représentant la Voie à suivre, permettra de développer un nouveau système de reconnaissance tacite au sein de l’équipe.